Cituation du mois de novembre 2015 (Cituation #3) :

“Je reste fidèle à Sartre sur un point essentiel : on ne peut pas arguer de la situation pour ne rien faire. C’est un point central de sa philosophie. La situation n’est jamais telle qu’il soit juste de cesser de vouloir, de décider, d’agir. Pour Sartre, c’est la conscience libre et elle seule qui donne sens à une situation, et dès lors on ne peut pas se débarrasser de sa responsabilité propre, quelles que soient les circonstances. Si même la situation semble rendre impossible ce que notre volonté veut, eh bien il faudra vouloir le changement radical de cette situation. Voilà la leçon sartrienne. »

Alain Badiou, La leçon de bonheur d’Alain Badiou, entretien au Monde du 14/08/2015, propos recueillis par N. Truong.

La cituation du mois est clairement philosophique et axée sur le lien fondamental entre situation et action… D’un point d’un vue moral, mais aussi d’un point de vue cognitif. Car à quoi cela sert-il d’évaluer une situation, sinon pour agir (ou décider, en connaissance de cause, de ne pas agir) ?

Bien sûr, le propos d’Alain Badiou est de faire référence à la philosophie de l’engagement de Jean-Paul Sartre, à la question de la responsabilité de l’individu face au monde qui l’entoure et à sa volonté et sa capacité justement de changer ce monde, même quand cela semble impossible. Mais on peut aussi considérer que c’est à tous les niveaux que, comme le résumait avant Sartre un autre existentialiste, Karl Jaspers :

“La situation, lorsqu’elle est connue, appelle un comportement”

Karl Jaspers, La situation spirituelle de notre époque, Desclée de Brouwer, Paris, 1951.

Autre passage intéressant dans ce que dit Badiou : le fait que c’est la conscience libre qui donne sens à une situation, ce qui rappelle la primauté du sujet dans l’appréhension de la situation et la fabrication de sa signification. Sans sujet, pas de sens… et pas de situation…

Bon, je vais arrêter un peu les cituations philosophiques pour ouvrir un cycle sur les « cituations de cinéma ». Laissons donc la parole à Spiderman qui résume très bien à sa manière l’existentialisme sartrien :

« Quelle que soit la situation à affronter, quelle que soit la bataille qui fera nos jours nous avons toujours le choix. Ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes. Et nous pouvons toujours choisir le bien. »

Réplique du personnage Peter Parker dans le film Spiderman-3, réalisé par Sam Raimi en 2007.

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